Filières

Le commerce équitable (CE) se divise en deux types de filières.

La filière intégrée

Les produits vendus dans les Magasins du Monde proviennent de la filière intégrée, qui s'est progressivement construite dès les années 1960 pour un commerce juste, alternatif et solidaire. Pionnière du commerce équitable, elle se préoccupe de l’ensemble des acteurs de la chaîne commerciale, du producteur au distributeur. Tous ces acteurs sont des organisations du commerce équitable. Cette filière va au-delà de la garantie d’un prix minimum et du paiement d’une prime du commerce équitable : il s’agit de construire des alternatives commerciales permettant un rééquilibrage entre les acteurs socio-économiques, tant au Sud qu’au Nord, dans l’objectif d’une plus grande justice sociale.

La filière intégrée du CE est portée aujourd’hui par l'Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO) et sa logique est de certifier des organisations. Les organisations respectent bien sûr les 10 principes du CE, mais aussi toute une série de règles de gestion, dont :

  • avoir le CE pour mission et activité principale, donc être spécialisés dans le CE
  • réinvestir une partie substantielle de bénéfices dans le CE et dans les impacts sociaux et écologiques et rémunérer les cadres à des niveaux raisonnables
  • assurer une transparence financière
  • avoir un fonctionnement démocratique et participatif
  • mener des campagnes de sensibilisation et des actions de plaidoyer pour plus de justice Nord/Sud

Ces principes de gestion font que les organisations de CE certifiées par la WFTO (y compris les magasins au Nord) sont de facto des organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS). C’est pour ça, d’ailleurs, que dans certains pays on parle de commerce équitable et solidaire pour se référer au CE de la filière intégrée (« commercio equo e solidale » en Italie). La WFTO, qui chapeaute cette filière, inscrit ce lien avec l’ESS dans sa formule « WFTO = social enterprise + Fair Trade".

La filière labellisée

Apparue dans les années 1990, elle a permis d’augmenter les volumes de produits du commerce équitable par la vente dans les grandes surfaces. Dans cette filière, connue en suisse sous le nom de Max Havelaar, ce sont les produits – et depuis 2014 aussi les ingrédients – qui font l’objet d’un label. Contrairement à la filière intégrée, les importateurs et distributeurs ne sont généralement pas des organisations de commerce équitable. La production et la distribution des produits labellisés CE peut être faite par n’importe quel acteur économique, même si celui-ci a par ailleurs des activités qui ne s’apparentent pas au commerce équitable.

Complémentaires au départ, ces deux filières se différencient pourtant de plus en plus: 

- Les révisions des standards de la filière labellisée en 2011 et en 2014 ont mené à un affaiblissement progressif des critères Fairtrade/Max Havelaar, avec notamment l'introduction du bilan de masse et la possibilité de la certification "ingrédient", qui permet d’utiliser le label même si un seul ingredient d’un produit est équitable (par exemple le cacao mais pas le sucre et la vanille dans une plaque de chocolat).

- L'ensemble du système de labellisation ne change pas fondamentalement les injustices du commerce international ni le fonctionnement des acteurs économiques. La multiplication et la concurrence des labels diminue la crédibilité du commerce équitable tel que se le représentaient les pionniers, qui voulaient réellement changer la donne et les termes de l’échange.

- Le coût des certifications pose également problème au Nord et au Sud et écarte les plus défavorisés (au Sud) ainsi que les tout petits commerçants (au Nord). Un nouveau déséquilibre se crée, qui favorise les acteurs déjà dominants sur le marché, d'autant plus que ces acteurs ne modifient pas fondamentalement leurs pratiques commerciales pour aller vers une plus grande équité.